Récemment, le marché des boissons enrichies en électrolytes a connu une expansion rapide. Cependant, les études scientifiques peinent à suivre pour confirmer leur efficacité. Comment s’y retrouver ? Voici l’éclairage de spécialistes.
Dans la publicité sur le côté d’un bus, des pastilles sont promues pour leur capacité à diminuer la fatigue. Sur les plateformes en ligne, une utilisatrice explique qu’elle ne peut plus se passer de ces sachets qu’elle verse dans son eau pour prévenir la déshydratation. Une autre, adepte des exercices de haute intensité, les recommande pour éviter les crampes.
Les boissons à électrolytes sont essentiellement de l’eau enrichie en minéraux (sodium, calcium, magnésium, potassium…) nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme et perdus quotidiennement via la transpiration ou les urines. Quelle est leur utilité pour une hydratation adéquate ? Sont-elles essentielles à notre alimentation quotidienne ? Présentent-elles des risques ? Analysons la situation.
Pour garantir une hydratation suffisante et une bonne santé, il est crucial de compenser la perte d’eau, surtout lors d’activités physiques ou par temps chaud, en s’appuyant sur l’alimentation et les liquides (environ 1 à 1,5 l d’eau / jour). Quel est alors le rôle de ces boissons dans notre routine quotidienne ?
Très peu, d’après nos experts qui y voient avant tout une manœuvre marketing. « Pour une personne en bonne santé, sans déficit nutritionnel et qui ne pratique pas un sport intense ou de longue durée, ces boissons minéralisées ne sont pas nécessaires pour rester hydraté », confirme Françoise Couic Marinier. Les experts s’accordent à dire qu’une alimentation équilibrée et de l’eau (minérale ou du robinet) sont suffisantes pour maintenir l’hydratation corporelle et combattre la fatigue occasionnelle due à une déshydratation mineure.
Elles pourraient toutefois attirer les consommateurs grâce à leurs saveurs aromatisées. « Cela peut encourager les gens qui n’apprécient pas l’eau à en consommer davantage, car les arômes stimulent les sens », propose Françoise Couic Marinier. « Pour les personnes âgées, moins alertes à la sensation de soif, cela peut favoriser une hydratation plus constante », ajoute Nicolas Aubineau.
Boissons à électrolytes : un plus lors d’efforts physiques ou de fortes chaleurs
« Lors d’activités sportives d’une heure à intensité moyenne ou de vingt minutes à forte intensité, ces boissons aident à prévenir les crampes et à faciliter la récupération », affirme Françoise Couic Marinier. Elles sont particulièrement utiles quand la transpiration est abondante car elles compensent la perte de minéraux. Idéalement, elles devraient être consommées pendant l’effort si celui-ci est prolongé (comme lors d’un marathon ou d’un trail), et après pour les sports explosifs de courte durée mais très intenses.
Ces boissons peuvent aussi être bénéfiques pour maintenir l’hydratation durant les canicules, même sans activité physique. « L’eau chargée en électrolytes est absorbée plus efficacement qu’une eau simple car elle facilite la vidange gastrique, soit le passage de l’eau de l’estomac à l’intestin, et compense les sels perdus par la transpiration », explique Nicolas Aubineau.
Les boissons à électrolytes ne se substituent pas aux solutions de réhydratation en pharmacie
Les boissons à électrolytes ne sont pas des médicaments.
Françoise Couic Marinier
Pharmacienne
Comparées aux médicaments dédiés, par exemple pour des enfants souffrant de diarrhées, ces boissons contiennent sept fois moins de sodium. « Elles ne sont pas recommandées en cas de déshydratation liée à une maladie », prévient-elle.
Risques et contre-indications des boissons à électrolytes
Il est conseillé d’être prudent avec les ingrédients contenus dans ces boissons.
Le sodium
Les individus atteints d’hypertension doivent surveiller la teneur en sodium, qui s’ajoute à leur consommation quotidienne. L’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas excéder 2 g de sodium par jour (soit 5 g de sel de table). Certaines pastilles contiennent 0,25 mg de sodium par dose, d’autres indiquent que leur « cube » comprend 0,14 g de sel. Il est important de considérer cela dans le cadre global de l’alimentation, même pour les sportifs, car une étude récente montre que l’apport en sodium peut être lié à des problèmes de santé et de performance chez les athlètes.
Le potassium
« Pour ceux souffrant d’une maladie rénale, il est crucial de contrôler la quantité de potassium dans ces boissons », explique la pharmacienne. Certaines pastilles contiennent déjà 150 mg de potassium, ce qui est significatif si consommé plusieurs fois par jour, sachant qu’un apport quotidien recommandé est de 3 500 mg pour hommes et femmes.
Le sucre ou les édulcorants
« Souvent, ces boissons sont présentées comme sans calories. Toutefois, certaines contiennent du sucre et des édulcorants qui ne sont pas dénués de risques pour la santé », alerte Françoise Couic Marinier.
Sélection de boissons à électrolytes
Pour ceux qui souhaitent aromatiser leur eau
Waterdrop. « Ces cubes peuvent être ajoutés à l’eau pendant les périodes chaudes, la formulation est équilibrée avec un peu de stévia pour une touche sucrée », explique Françoise Couic Marinier. 8,99 € les 12 cubes, diverses saveurs fruitées. Chaque portion se dissout dans 400 à 600 ml d’eau.
Pour les sportifs confrontés à de grands défis
Nutripure. « Très riche en sodium et en magnésium, avec une quantité modérée de sucre, cette boisson est idéale pour accompagner les pertes hydriques durant un effort long ou intense », indique la pharmacienne. À éviter hors contexte sportif. 14,90 € les 15 sachets. Chaque portion doit être mélangée avec 500 à 800 ml d’eau.
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