Comme les autres comportements tels que se ronger les ongles, sucer son pouce, grincer des dents ou se mordiller les joues, manger des glaçons est considéré comme une parafonction orofaciale. Ces pratiques répétitives, qui n’ont pas de fonction biologique nécessaire, peuvent nuire à la santé dentaire. Quels sont donc les impacts à long terme de cette habitude et pourquoi certaines personnes y succombent-elles ? Voici quelques explications.
L’envie irrésistible de consommer des glaçons est connue sous le nom de pagophagie. Ce comportement fait partie d’un trouble alimentaire plus large nommé Pica, qui inclut le besoin de consommer des substances non alimentaires comme l’argile, la terre, le riz cru ou les cailloux. Bien que cela puisse sembler bénin, la pagophagie, lorsqu’elle devient une habitude à long terme, peut menacer sérieusement la santé buccale et en particulier celle des dents.
C’est une très mauvaise idée pour plusieurs raisons. La dureté des glaçons peut causer des dommages irréversibles à l’émail ou à la dentine, et même provoquer des fractures plus graves. Les dents les plus à risque sont les canines et les incisives, ce qui peut affecter l’esthétique du sourire. Dr Samy Dubois, chirurgien-dentiste à Paris.
Il est fortement conseillé aux personnes ayant des restaurations dentaires d’éviter de mâcher des glaçons. « Les matériaux comme les composites, les amalgames, les couronnes ou les facettes peuvent se détacher sous la pression exercée par la mastication des glaçons », précise le Dr Dubois.
Un risque de choc thermique pour les dents
Outre le risque lié à la dureté des glaçons, le choc thermique provoqué par le froid peut également être dangereux pour nos dents. « Le choc thermique important causé par le contact direct du froid avec les dents est nocif pour la pulpe dentaire et peut créer une hypersensibilité désagréable », ajoute le dentiste.
Cette pratique répétée peut aussi causer ou aggraver des problèmes aux articulations temporo-mandibulaires (ATM), source de douleurs et de tensions musculaires. De plus, les gencives peuvent souffrir de la pagophagie. Mâcher des glaçons durs et parfois pointus lorsqu’ils se cassent peut irriter ou blesser les gencives, causant des micro-lésions ou une rétraction des gencives, exposant ainsi la racine des dents.
Pagophagie : la consommation de glaçons est-elle indicatrice d’une carence ?
Au-delà des effets néfastes sur la santé dentaire et gingivale, la pagophagie peut également signaler une carence en fer, aussi appelée anémie ferriprive. Une étude réalisée à La Réunion auprès de 495 adultes a montré que 13,7 % des participants souffraient de pagophagie, ce comportement étant plus répandu chez les jeunes femmes ayant une carence en fer. Si le besoin de manger des glaçons apparaît soudainement, il est conseillé de faire un bilan ferrique pour confirmer cette carence, qui disparaît généralement avec une supplémentation en fer.
Pourquoi une carence en fer peut-elle déclencher une pagophagie ?
Plusieurs théories pourraient expliquer ce phénomène. Premièrement, une stimulation cognitive et neurologique : les personnes carencées en fer peuvent souffrir d’une baisse de vigilance et de cognition. Il a été observé que la mastication de glace améliore temporairement l’état de vigilance, probablement en stimulant le système nerveux sympathique grâce à l’effet du froid dans la bouche. Ce « coup de pouce » peut être perçu comme agréable et nécessaire, encoura
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