La pollution urbaine : un danger insidieux pour les poumons des non-fumeurs
Imaginez vivre dans une grande ville, où l’air que vous respirez pourrait être un ennemi silencieux pour votre santé. Si vous pensez que seuls les fumeurs sont à risque de développer un cancer du poumon, détrompez-vous. De récentes études montrent que même les non-fumeurs sont menacés, en particulier les femmes, et la pollution atmosphérique joue un rôle non négligeable dans cette équation. Décryptons ensemble comment cet air que nous tenons pour acquis pourrait être un facteur de risque significatif pour le cancer du poumon chez les non-fumeurs.
Épidémiologie du cancer du poumon chez les non-fumeurs
- La majorité des cancers du poumon sont liés au tabagisme, actif ou passif, représentant environ 80 % des cas.
- En France, le cancer du poumon cause 30 000 décès chaque année, devenant la première cause de mortalité par tumeur maligne.
- Une augmentation des cas de cancer du poumon est observée chez les non-fumeurs, surtout chez les femmes.
L’Organisation Mondiale de la Santé a identifié une hausse des cas parmi les personnes n’ayant jamais fumé, en particulier l’adénocarcinome pulmonaire, qui est le type le plus fréquent chez les non-fumeurs. Chez les femmes, il représente près de 60 % des cas, contre 45 % chez les hommes. Des facteurs environnementaux tels que la pollution de l’air, mais aussi les prédispositions génétiques et les réponses immunitaires, pourraient expliquer cette augmentation.
Le rôle des mutations génétiques et de la pollution
Les mutations du gène EGFR, qui régule la croissance et la division cellulaire, sont particulièrement préoccupantes. Ces mutations peuvent entraîner une division cellulaire incontrôlée et la croissance des tumeurs, notamment chez les femmes asiatiques non-fumeuses, où elles sont présentes dans 50 % des adénocarcinomes pulmonaires, et dans 19 % des cas chez les femmes occidentales non-fumeuses.
En outre, les microparticules fines (PM2,5) présentes dans l’air pollué pourraient favoriser ces mutations. L’augmentation des niveaux de PM2,5 dans de nombreuses villes pourrait donc être un facteur de risque non seulement pour le cancer du poumon mais aussi pour d’autres types de cancers chez les femmes, selon Pinar Uysal-Onganer.
Impact des particules fines sur le risque de cancer
Les particules fines, longtemps suspectées d’augmenter le risque de cancer du poumon, ont été étudiées dans une recherche s’étendant sur 26 ans, impliquant plus de 180 000 non-fumeurs. Les résultats ont montré que chaque augmentation de 10 µg/m³ de particules fines dans l’air augmente le risque de cancer du poumon de 15 à 27 %. Bien que cette augmentation soit modeste comparée à celle due au tabac, elle reste significative.
Facteurs inflammatoires et immunitaires
L’inflammation chronique est un autre facteur qui pourrait expliquer l’augmentation du cancer du poumon chez les femmes non-fumeuses. Les maladies auto-immunes, plus fréquentes chez les femmes, peuvent provoquer une inflammation persistante des poumons, entraînant des dommages répétés aux tissus et des modifications de l’ADN. Cela pourrait favoriser une croissance cellulaire anormale et augmenter le risque de cancer.
Les femmes atteintes de maladies telles que la polyarthrite rhumatoïde et le lupus ont un risque accru de développer un cancer du poumon, possiblement en raison de cette inflammation prolongée.
La compréhension de ces mécanismes complexes entre la pollution, la génétique, et l’immunologie ouvre la voie à de nouvelles stratégies de prévention et de traitement du cancer du poumon, notamment pour les populations non-fumeuses et vulnérables. Alors que nous continuons à explorer ces liens, une chose reste claire : l’air que nous respirons a un impact profond sur notre santé pulmonaire, bien au-delà de ce que nous pouvions imaginer.
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