Le syndrome de l’intestin irritable (SII), fréquemment observé dans les pays développés, impacte fortement le bien-être des individus affectés. Quelles nourritures faut-il éviter pour ne pas déclencher une crise ? La salade est-elle concernée ? Julie Delorme, diététicienne et psychonutritionniste spécialisée dans le domaine digestif, nous éclaire sur ces questions.
Le syndrome de l’intestin irritable, également appelé colopathie fonctionnelle ou côlon irritable, est un trouble chronique du fonctionnement digestif. Ce type de trouble, dit fonctionnel, affecte les capacités motrices et sensorielles sans être causé par des dommages organiques avérés.
Le syndrome de l’intestin irritable est classé parmi les troubles fonctionnels gastro-intestinaux, associés à des dysfonctionnements dans l’intégration des sensations par le cerveau, la communication entre l’intestin et le cerveau, des micro-inflammations intestinales et des anomalies motrices. – Julie Delorme.
Pour diagnostiquer le SII, le critère Rome 4 doit être respecté. Le patient doit éprouver des douleurs abdominales récurrentes, survenant au moins un jour par semaine durant les trois derniers mois, associées à au moins deux des symptômes suivants : changements dans la fréquence des selles et/ou dans la consistance des selles.
« Selon ces critères, on estime que 5 à 10 % de la population serait touchée par le SII, bien que ce chiffre soit probablement sous-estimé », note la spécialiste. Les femmes sont plus fréquemment affectées que les hommes, avec un ratio de deux hommes pour trois femmes.
Symptômes du SII : fatigue, vertiges, douleurs intestinales
Les manifestations du SII sont diverses et varient grandement d’une personne à l’autre.
« Les symptômes les plus fréquents incluent une douleur allant de modérée à sévère, parfois incapacitante, des troubles du transit comme la diarrhée ou la constipation, ou une alternance des deux, ainsi que des ballonnements », explique Julie Delorme.
D’autres signes peuvent apparaître simultanément, tels que des nausées, des migraines, ainsi que des douleurs musculaires ou articulaires. « Un patient sur deux peut ressentir une fatigue inhabituelle, plus d’un tiers pourrait souffrir d’anxiété ou de dépression et un sur sept aurait même des pensées suicidaires », ajoute notre experte.
Digestion : la salade verte est-elle bénéfique pour les intestins irritables ?
La salade verte, riche en eau et en fibres, est généralement reconnue pour faciliter le transit intestinal et ainsi améliorer la digestion.
En se référant à la liste des aliments riches en FODMAPs, responsables des crises de SII, la salade verte en contient très peu. Elle n’est donc, en principe, pas déconseillée pour ceux qui en souffrent. – Julie Delorme.
Cependant, il est important de noter que les sensibilités alimentaires varient beaucoup d’une personne à l’autre, et que les FODMAPs ne sont pas les seuls éléments pouvant perturber la digestion.
Crise de colopathie : pourquoi ressent-on des douleurs abdominales après avoir consommé de la salade ou des crudités ?
Avec l’arrivée des beaux jours, les salades composées sont souvent perçues comme un choix de repas sain, équilibré et favorable à la ligne. Toutefois, chez certaines personnes, elles peuvent provoquer des ballonnements significatifs, voire des douleurs digestives.
Il ne semble pas que ce soit la salade verte en elle-même qui pose problème, mais plutôt les autres ingrédients qui composent la salade : oignons crus, avocats, poivrons, tomates, pois chiches, croûtons de pain, ail ou encore concombres, qui contiennent des quantités variables de FODMAPs. – Julie Delorme.
De plus, les fibres des crudités, en grande quantité, peuvent être plus difficiles à digérer et plus irritantes pour l’intestin que celles des légumes cuits.
Quelle salade peut-on manger en cas d’intestin irritable ?
Parmi les crudités couramment consommées en salade, la salade verte est généralement l’une des mieux tolérées par les intestins sensibles. « Toutes les variétés de salades vertes, qu’il s’agisse de laitue, de roquette, d’iceberg, de frisée, de mâche ou de romaine, contiennent de très faibles quantités de Fodmap et sont donc bien tolérées par les personnes atteintes de SII », rassure Julie Delorme.
Lorsque l’on consomme une grande salade composée, l’excès de crudités et la présence de certains légumes plus riches en FODMAPs peuvent cependant engendrer quelques troubles digestifs chez certaines personnes. « Pour éviter cela, on peut opter pour des buddha bowls ou des poke bowls, qui contiennent, en plus de quelques crudités, des féculents (riz, quinoa), des protéines (poulet, saumon) et souvent des légumes cuits (courgettes, haricots verts, carottes), permettant de limiter la quantité de fibres crues dans le repas », ajoute la nutritionniste.
Alimentation, régime : que manger en cas de côlon irritable et comment calmer une crise ?
Les crises de colopathie peuvent être douloureuses et handicappantes chez certains patients, qui aimeraient alors savoir quoi manger pour les soulager. « Malheureusement, il n’existe pas d’aliments capables de calmer une crise de colopathie. Elle se résorbera d’elle-même une fois l’aliment responsable digéré », explique Julie Delorme. Le régime alimentaire permet de prévenir les crises mais pas de les soulager.
Il est important de rappeler que l’alimentation n’est pas le seul facteur déclenchant des crises de SII. Chez les patients, le déséquilibre entre le cerveau et l’intestin est perturbé : le stress et l’anxiété stimulent le système nerveux central, qui provoque la libération de cortisol, responsable de perturbations intestinales telles que la constipation, les diarrhées et la dysbiose. « Les douleurs et symptômes associés aux crises de colopathie peuvent donc être en partie soulagés par des approches de gestion du stress, telles que la relaxation, la respiration abdominale, l’hypnose et l’activité physique douce », précise notre experte.
Fruits, légumes, légumineuses : quels aliments sont interdits ou à éviter en cas de côlon irritable ?
Il n’existe pas de liste spécifique d’aliments interdits pour les personnes souffrant de côlon irritable, car chaque individu a une sensibilité propre à différents aliments.
« Certains sucres fermentescibles, appelés FODMAPs, présents dans notre alimentation, seraient difficiles à digérer et en partie responsables des crises de colopathie chez les patients souffrant de SII », explique la nutritionniste. On retrouve ces FODMAPs dans cinq grandes familles d’aliments (fruits, légumes, céréales, produits laitiers…), qui peuvent être mal tolérés par certains patients.
La difficulté réside dans le fait que chaque individu a ses propres tolérances ou intolérances à certains FODMAPs, ce qui signifie qu’il n’y a pas de liste universelle d’aliments néfastes pour tous. – Julie Delorme.
Pour identifier ses propres intolérances, il est conseillé de se faire accompagner par un diététicien pour réaliser des tests d’élimination et de réintroduction progressive des aliments riches en FODMAPs.
Liste d’aliments riches en FODMAPs
« Les teneurs en FODMAPs des aliments sont répertoriées dans une application développée avec l’expertise des plus grands spécialistes mondiaux : Monash Fodmap Diet (source 1). Elle classe les aliments en trois catégories : verts (faible teneur en Fodmap), orange (teneur modérée), rouge (riche). C’est l’outil de référence pour les professionnels de santé », explique l’experte.
À titre d’exemple, voici quelques aliments parmi les plus riches en FODMAPs :
- fruits : pomme, poire, fruits à noyau (notamment la cerise) ;
- légumes : ail, oignon, échalote, poireau (partie blanche), chou-fleur, choucroute, champignons de Paris, ainsi que la majorité des légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots rouges ou blancs) ;
- céréales : blé, seigle, orge et épeautre ;
- produits laitiers : lait, yaourts, fromage blanc, fromages frais, qu’ils soient au lait de vache, de chèvre ou de brebis. « Plus les produits laitiers sont liquides, plus ils sont riches en FODMAPs », précise la psychonutritionniste ;
- et enfin, tous les bonbons, chewing-gums et confiseries sans sucre sont riches en FODMAPs
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