Les carraghénanes, issus de sources marines, sont fréquemment utilisés dans l’industrie alimentaire pour leurs capacités à épaissir, gélifier ou stabiliser les produits. On les trouve dans une grande variété de produits de consommation courante tels que les yaourts allégés, les crèmes desserts et les charcuteries. Mais quelle est leur innocuité pour la santé ?
Le code E407 est souvent aperçu sur les étiquettes de nombreux produits alimentaires comme les yaourts et les crèmes desserts. Il s’agit de polysaccharides extraits d’algues rouges, connus sous le nom de carraghénanes, qui sont de plus en plus sujets à controverse. Nous explorons ce sujet avec Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm et responsable principale de l’étude NutriNet-Santé.
Les carraghénanes, ou galactanes sulfatés, sont des polysaccharides issus d’algues rouges telles que Chondrus crispus, Gigartina, et Eucheuma. Ces substances sont très prisées dans le secteur agroalimentaire pour leurs propriétés épaississantes, gélifiantes et stabilisantes.
“Ces additifs alimentaires sont incolores, inodores et sans saveur, ce qui les rend idéaux pour améliorer la texture des aliments, assurer la stabilité des émulsions dans les préparations liquides, prévenir la séparation des phases (comme dans les produits laitiers ou végétaux) et augmenter la durée de conservation des produits”, précise Mathilde Touvier.
À noter : E407 désigne les carraghénanes raffinés, tandis que E407a correspond à la version semi-raffinée.
Ce gélifiant est-il halal ou haram ?
Les carraghénanes sont généralement considérés comme halal.
Il est également bon de savoir qu’ils sont adaptés aux régimes casher, végétarien, végétalien et vegan.
Un ingrédient naturel… mais potentiellement dangereux
Bien que les carraghénanes soient d’origine naturelle, ils ne sont pas nécessairement sans danger. “L’argument de la naturalité est souvent utilisé à des fins marketing, mais cela ne garantit pas leur innocuité. L’arsenic et le cyanure, bien que naturels, sont extrêmement toxiques”, alerte Mathilde Touvier. Il est donc crucial de rester vigilant quant aux compositions des aliments industriels, y compris ceux contenant des additifs naturels comme l’E407.
Dans quels aliments trouve-t-on des carraghénanes ?
Les carraghénanes sont couramment utilisés dans l’industrie agroalimentaire, particulièrement dans les produits transformés qui nécessitent une texture agréable, une bonne conservation ou une stabilité accrue. Selon le site Open Food Facts, plus de 11 500 produits alimentaires contiennent du E407, illustrant ainsi leur prévalence (source 1).
Produits laitiers et alternatives végétales :
- Yaourts industriels, y compris certains yaourts bio ou allégés ;
- Crèmes desserts (chocolat, vanille, etc.) ;
- Fromages fondus ou allégés ;
- Crème fraîche industrielle, même qualifiée de « traditionnelle » ;
- Laits végétaux (amande, soja, riz, avoine…), pour éviter le dépôt et améliorer la texture ;
- Crèmes glacées, sorbets et glaces industrielles.
Charcuteries et plats préparés :
- Charcuteries industrielles ;
- Charcuteries végétales, souvent enrichies en additifs texturants ;
- Plats préparés, soupes et sauces industrielles, notamment les vinaigrettes.
Autres produits courants :
- Vinaigrettes industrielles et autres assaisonnements en bouteille ;
- Certains pâtés végétaux ou produits allégés ;
On les retrouve aussi dans certains cosmétiques…
Les carraghénanes sont également employés dans le secteur des cosmétiques et de l’hygiène. Ils se retrouvent dans certains dentifrices, certaines crèmes hydratantes, certaines lotions, certains gels douche ou certains gels coiffants.
E407 : quels sont les « bienfaits » des carraghénanes ?
Comme nous l’avons vu, les carraghénanes ne sont pas appréciés pour leurs vertus nutritionnelles, mais plutôt pour leurs propriétés technologiques. Ils sont des agents de texture extrêmement efficaces, très recherchés dans l’industrie agroalimentaire.
Ils sont fréquemment utilisés dans des produits allégés, végétariens ou végétaliens pour offrir une texture plaisante sans ingrédients d’origine animale ni surplus calorique. Ils constituent un avantage notable pour l’industrie… mais peut-être pas pour notre santé !
Les carraghénanes sont-ils dangereux pour notre santé ?
Longtemps considérés comme sûrs, les carraghénanes font l’objet de plusieurs études récentes, notamment dans le cadre du programme NutriNet-Santé, qui ont révélé des associations entre la consommation de E407 et divers troubles de santé. “Ces résultats ne permettent pas à eux seuls de conclure à une causalité directe, mais ils soulèvent de sérieuses interrogations”, souligne Mathilde Touvier.
E407 : quels sont les dangers potentiels ?
Voici ce que suggèrent les données scientifiques disponibles :
- Risque accru de cancer du sein. Une étude récente a mis en lumière un lien entre une l’exposition aux additifs carraghénanes et un risque accru de cancer du sein, en particulier chez les femmes ménopausées (source 2). “Ces résultats interpellent, mais ne permettent pas à eux seuls d’établir un lien de cause à effet”, souligne à nouveau Mathilde Touvier.
- Diabète de type 2. La même étude a aussi mis en évidence un risque accru de diabète de type 2 chez les personnes qui consomment régulièrement des produits contenant de l’E407 (source 3). Ce lien nécessite encore d’être exploré.
- Des effets suggérés sur le microbiote intestinal. D’autres travaux expérimentaux menés sur des modèles animaux ont montré que les carraghénanes pourraient perturber la barrière intestinale, favoriser une inflammation chronique et modifier l’équilibre du microbiote. Ces effets ont notamment été observés dans des contextes de maladies inflammatoires comme la colite.
Ces résultats doivent être confirmés, mais l’accumulation de preuves invite à la prudence. Mieux vaut appliquer le principe de précaution. Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm.
Que dit la réglementation actuelle ?
À ce jour, les carraghénanes sont autorisés dans l’Union européenne par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), qui les considère comme sûrs pour la consommation humaine. Toutefois, par mesure de précaution, leur usage est interdit dans les préparations destinées aux nourrissons de moins de 12 mois. À noter : lors de sa réévaluation en 2018, l’EFSA n’a pas identifié de risque immédiat, mais a souligné certaines incertitudes et demandé des données supplémentaires.
Aux États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) classe également les carraghénanes dans la catégorie “Generally Recognized As Safe” (GRAS). Mais cette position est de plus en plus contestée : plusieurs ONG réclament notamment leur retrait des aliments bios.
En résumé, aucune recommandation stricte ne limite aujourd’hui leur consommation, et aucune dose journalière admissible (DJA) n’a été définie. Mais cela pourrait évoluer avec de nouvelles données scientifiques.
Au quotidien, faut-il éviter les carraghénanes dans son alimentation ?
Il est raisonnable de limiter leur consommation, surtout pour les personnes avec des pathologies chroniques, des antécédents familiaux de cancer, ou une alimentation déjà riche en produits ultra-transformés.
Voici quelques conseils simples, selon Mathilde Touvier :
- Lisez les étiquettes et rep
Articles similaires
- Découvrez les Meilleurs Yaourts pour un Microbiote Intestinal Sain !
- Acide Phosphorique E338 : Risques et Impacts à Connaître !
- Cholestérol et fromage : est-ce vraiment compatible ? Découvrez la réponse !
- Découvrez tout sur l’E524 : Les secrets de l’hydroxyde de sodium révélés !
- 10 Aliments Soi-Disant Sains Qui Vous Trompent Réellement