Les troubles d’anxiété sont courants dans les sociétés occidentales, affectant environ 15 à 20 % de la population à certains moments de leur vie. Ces troubles ont des causes multiples, mais des recherches récentes suggèrent que la consommation excessive de sucre pourrait les aggraver. Xavier Fioramonti, chercheur au département Alimentation Humaine de l’INRA, nous éclaire sur les répercussions du sucre sur le cerveau et l’anxiété.
Le sucre influence directement le cerveau, tant sur le plan fonctionnel qu’émotionnel. En quantités modérées, il est bénéfique car il représente la principale source d’énergie pour le cerveau et favorise la sécrétion de dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la satisfaction. Toutefois, une consommation excessive peut entraîner des effets néfastes à court et long terme.
Il a été observé que le sucre en excès est capté par le cerveau via la circulation sanguine, influençant l’activité des microglies, des cellules immunitaires cérébrales impliquées dans les troubles de l’humeur. Xavier Fioramonti, chercheur à l’INRA.
Des recherches actuelles montrent que les animaux exposés à de grandes quantités de sucre développent des troubles cérébraux liés à une neuro-inflammation.
Anxiété, nervosité, dépression : quel est l’effet du fructose sur l’humeur ?
Le fructose, un sucre naturellement présent dans les fruits mais aussi de plus en plus utilisé dans les aliments transformés (gâteaux, boissons sucrées, bonbons) sous forme de sirop, est particulièrement mis en cause pour ses effets sur le cerveau et donc sur l’humeur, explique Xavier Fioramonti.
Les directives des institutions de santé publique recommandent de ne pas consommer plus de 100 g de sucres ajoutés par jour, y compris le saccharose (sucre de table) ou d’autres produits sucrés. Or, le saccharose est composé d’une molécule de glucose liée à une molécule de fructose. « Nous devrions donc limiter notre consommation de fructose à 50 g par jour, mais nous consommons généralement beaucoup plus », souligne le chercheur.
Le sucre excessif peut-il alimenter l’anxiété ?
Une alimentation trop riche en sucre peut effectivement nuire aux émotions via trois mécanismes différents :
- La première voie est directe: le sucre en excès dans le sang est absorbé par les cellules cérébrales, provoquant une inflammation pouvant mener à des troubles anxieux.
- La seconde voie est indirecte, via le foie. « Le fructose en excès peut causer une stéatose hépatique, menant à une résistance à l’insuline, ce qui pourrait altérer les fonctions cérébrales et influencer l’humeur », explique Xavier Fioramonti.
- La troisième voie est également indirecte, mais par le biais du microbiote intestinal. « Un excès de sucre peut perturber l’équilibre du microbiote intestinal, et nous savons aujourd’hui que cela peut affecter l’humeur », ajoute l’expert.
Ces trois mécanismes contribuent à faire de l’excès de sucre, notamment de fructose, un facteur aggravant pour l’anxiété.
Devrions-nous alors réduire notre consommation de fruits ?
Bien que le fructose soit le sucre le plus nocif, il est crucial de distinguer entre le fructose naturellement présent dans les fruits et celui ajouté dans le sucre de table et les aliments transformés.
Les fruits sont des sources essentielles de fibres, vitamines et minéraux et doivent faire partie d’une alimentation saine; il n’est donc pas question de les éliminer. Les recommandations suggèrent une consommation quotidienne d’un à deux fruits. Xavier Fioramonti
Les produits à limiter sont principalement le sucre de table, les sucreries, les aliments transformés sucrés, et les plats préparés, qui peuvent contenir d’importantes quantités de fructose ou de sirop de fructose.
Et le chocolat, souvent considéré comme un antidépresseur naturel ?
Le chocolat, surtout le noir riche en cacao, est vu comme un « antidépresseur naturel » grâce à ses effets positifs sur l’humeur, attribués à plusieurs composants bioactifs :
- du tryptophane, un acide aminé essentiel pour la production de sérotonine, un neurotransmetteur lié au bien-être.
- de la phényléthylamine, surnommée « molécule de l’amour », qui stimule la libération de dopamine.
- de la théobromine et de la caféine, stimulants légers du système nerveux qui améliorent la vigilance et l’énergie mentale.
- du magnésium, recommandé pour réduire l’anxiété et améliorer l’humeur en aidant à la relaxation musculaire et à la gestion du stress.
« Cependant, le chocolat ne soigne pas la dépression ! Bien que ses effets antidépresseurs soient réels, ils sont limités et, étant donné sa teneur en sucre, une consommation excessive pourrait annuler ses bienfaits », prévient le chercheur. Il est donc conseillé de consommer du chocolat noir avec modération, en respectant les recommandations de santé publique.
Une alimentation variée et équilibrée, riche en nutriments, vitamines et minéraux, est essentielle pour le bon fonctionnement du cerveau et la réduction de l’anxiété. De même, la pratique régulière d’activités physiques est fortement recommandée pour les personnes souffrant d’anxiété chronique, car elle stimule la production d’hormones du bien-être (sérotonine et dopamine) et réduit celle du cortisol, l’hormone du stress.
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